top of page
V e r s e
Plasticienne
Je n'ai pas la prétention d'être poète. Ce n'est pour moi qu'un moment de plaisir, un scrabble amusant.
Petits arrangements avec les mots
" Ouvrez l’oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge " Nimier
Ne savoir ce corps
Ne savoir cette porte non frappée
Ne savoir qu'il existe encore là
quelque extase non sue
La conception d'une chose
encore gourmande
Ne savoir... mais vivre encore
Magique
Dans ce train si lent
si arrêté
si perturbé
qui me reconduit là
Où je ne suis jamais restée.
Septembre 2024
Louvre
Gravure diabolique où j'ai cloué mes doigts
Raz de marée
tourbillonnant
où de minuscules diables agonisent
emportés en eau
butant aux genoux des vierges assises.
Piétinement sur les parquets
des yeux mouillés de revenants
fascinés
où l'on trouve drôle
le Carnage
et la Servante
et l'Ecclésiaste
Je tourne court
aux boucles de Dürer
je pense à ma mère
et à ses fins cheveux
éclatement d'un monde
inspiré et soupirant
Solitaire un Primitif s'effondre
au regard d'une Joconde canonisée
Ouvre
ta lèvre de détrempe
ta robe des saints
esquisse l'instable marteau
que l’on porte sur la tête
révélation des maîtres
possédés de destins
Un pompier suce ses manches
impatient que ce dimanche
prenne feu
Les photographes sont ivres
les gardiens malsains
leurs pieds passés à la question
J'implore
les dos d'inspirations
qui devant moi défilent et s'oeuvrent
aux noirs bitumés d'un Naufrage
Louvre
mon précieux
sauvetage
touchant aux extrêmes
je perds mes bras pour des ailes
mais la Victoire reste
incertaine
Dix-huit heures
Louvre ferme
Verse septembre 2011
Châtelet
Il est venu ce matin
les yeux fixes et n’a rien dit de son chagrin.
Nous étions bêtes l’un en face de l’autre
à faire semblant d’ignorer le cataclysme.
Lui pour ne pas dire
moi pour ne pas comprendre.
Tendre enfant, que ta peine est mienne
cent fois je l’ai vécue.
Quel effort as-tu fait
pour savoir te lever
et venir et m’attendre
et porter mon bagage
et marcher près de moi
si vieille et si peu semblable
à celle qui te brise le cœur
et bâcle ton émoi.
Paris octobre 2024
Aimer ta désaffection
Aimer ta posture
Aimer l'intérieur de ta bouche
Aimer la doublure de ta langue
Aimer les cercles de tes yeux
Aimer le rideau qui te cache
Aimer le rire de tes chaussures
Aimer ton ongle incarné
Aimer ta perte de vue
Aimer ton signe
Aimer ton équivoque
Aimer ton univoque
Aimer ton verre et ton miroir
Aimer le soir ton urgence
Aimer ta trace
Aimer ton front
Aimer ta tension
Aimer ton lointain
Aimer tes mains
Aimer tes pieds
et tes cheveux d'absence
Aimer ton impuissance
Aimer ton cœur malade
Porter ton manteau
Aimer ton haleine de prêtre
T' Aimer d'un sentiment obscur
lorsque tu lèches ma blessure
Aimer tes armes
Aimer ton journal
Aimer ton chien
Et puis...
claquer ta porte
Et puis.... Aimer ta porte
et le chemin qui me déporte
Aimer me retourner
et Aimer revenir
pour t' Aimer d'efforts
pour t' Aimer encore.
Octobre 2011
Le lit ou la lame
Ma joue contre ta vitre
J'approche le feu et sa lumière
L'immonde d'une grosse bouche
entre tes doigts.
Héroïque nuit où les corps étendus
semblent effrayants et vulgaires.
La mer !
Vois comme elle se moque de tout.
Des bras qui crient, des thorax d'éponge
des nuques glabres.
Vois comme elle nargue
La mer !
Vois sa perfide lumière
Ses lames d'yeux rouges
Son rythme incessant.
Ma joue contre ta vitre, cédant !
J'approche le froid
de notre folie ordinaire.
2022
L'absence
Mais très fort y croire encore
L'ombre des arbres me trompent, il me semble que tu me suis
Le papillon blanc me berne
je frissonne à sa caresse
Sur la toile cirée
je vois ton cou qui tremble au reflet d'un bougeoir
N'est-ce pas ta pupille noire
ce clignement inquiet du chien qui me regarde
Décidément je suis incorrigible
Pour couper
ma soif et sa brûlure
le matin crache sa bruine
Je marche sur ton ventre
Il boit l'animal vois-tu
dans la marre si peu profonde
ma main coupe ses cercles d'eau
Les hommes qui te ressemblent sont indignent
ils me fascinent et me tuent
et me trompent
vois-tu
L'absence
Mais très fort y croire
Mais très fort qu'en tout tu me hèles
Qu'en tout tu palpites et joues avec moi
Me vois-tu
ne me vois-tu pas
Ta voix m'est perpétuelle
Non
Ne geins pas
par le volet qui grince et bat
me tromper n'est plus cruel
puisque je vis encore de toi
Novembre 2020
Le 6h 53
C’est tout ce qui reste
Des souliers rouges
De l’élégance
De la fascination
De l’affolement.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Rien à dire à personne
Le regard sans honneur
Mettre un pied à terre !
Un forcené ferait l’affaire.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Une heure. Un train
Un train. Un train
Les mêmes harassements
La pauvre vieillissante
Lèche sa tri(n)quette.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
D' un escalier rouge
De l' élégance
De la fascination
De l’affolement
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
Un brouillard épais
Une rue proprette
Cherche le sommeil
De mémoire épouse
Un poinçonneur complaisant.
C’est tout ce qui (te) reste.
Progresse !
Paris Gare du Nord automne 2007
Chimie d’une épaule
tremblante au moindre signe
te déchire
emporte
l’oreille la bouche la main
C’est encore
un corps
C’est encore
un visage
un homme en chantier
un sanglot
une image
d’humaine transmutation
une onde
des bruits
tout simplement
dans son abri
de bandages
C’est encore
le partage
de nos yeux
pénitents
de troublante alchimie
La femme en blanc a dit
Qu’il se repose
Je suis partie
Décembre 2011
bottom of page